Interview de Mgr Ghislain de Rasilly, évêque de Wallis et Futuna — Paroisse de l'Immaculée Conception

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Interview de Mgr Ghislain de Rasilly, évêque de Wallis et Futuna

De passage dans notre Paroisse, où il a présidé la messe du dimanche 8 novembre, Monseigneur Ghislain de Rasilly, évêque de Wallis et Futuna, fait écho à son séjour parisien et se confie sur sa foi, son engagement missionnaire et les valeurs chrétiennes.
Merci à la Paroisse de l’Immaculée Conception
Et bonne fête !

 

En tant qu’évêque de Wallis et Futuna, je veux dire ma reconnaissance à la paroisse de l’Immaculée Conception d’avoir accueilli le Père Kapeliele Katoa, prêtre du diocèse de Wallis et Futuna pendant deux ans, période pendant laquelle il a suivi une formation biblique à la Catho de Paris.

Le Père curé, sans doute avec l’accord de son conseil, a accepté que notre séminariste, Soane Malivao, actuellement au séminaire d’Issy-les-Moulineaux, soit aussi accueilli dans la paroisse pour ses week-ends de pastorale pendant ses deux dernières années de séminaire.

Je remercie beaucoup le Père curé et la paroisse d’accompagner ainsi notre séminariste dans sa formation.

Soane a mis en place une association pour l’accueil et le suivi des personnes envoyées par le service de santé de Wallis à Paris pour des soins particuliers. (Entretien à venir). Sa présence à la paroisse lui permettra d’être plus près des wallisiens et futuniens de la région parisienne. Mais sa mission première est de terminer ses études et d’expérimenter la pastorale dans votre paroisse.

J’ai eu la chance de venir partager le week-end du 8 novembre avec vous et un certain nombre de wallisiens et futuniens de la région parisienne et je remercie encore la paroisse et son curé pour leur excellent accueil.

On m’a demandé de dire un petit mot sur mon parcours vocationnel pour votre site internet. Apparemment, en regardant son questionnaire, Olivier Gillissen est bien renseigné sur ce que je suis et ce que j’ai fait !

 

1) Quand et comment avez-vous pris conscience de votre vocation ?

J’ai suivi la fin de mes études secondaires au collège Mariste, Notre Dame de Bury, au Nord de Paris. J’y ai découvert des prêtres religieux qui m’ont beaucoup marqué, et à la suite d’une retraite en terminale où j’ai ressenti un appel du Seigneur, je suis entré au noviciat des Pères Maristes en 1962. A l’époque, outre sa spiritualité mariale qui me plaisait, la Société de Marie offrait tous les ministère possibles, ce qui me laissait du temps pour faire un choix, ou du moins répondre à des appels plus précis au cours de la formation.

 

2) Votre engagement chez les Pères maristes résultait-il d'un choix ou s'inscrivait-il dans la continuité de vos études secondaires ? S'il s'agissait d'un choix, quelles étaient vos motivations ?

La Société de Marie avait été accepté comme congrégation religieuse quand le Pape Grégoire XVI lui a confié l’évangélisation de l’Océanie occidentale. Dès mon entrée au scolasticat, justement appelé Séminaire des Missions d’Océanie, j’ai été en contact avec les Missionnaires maristes par une association que nous avions au scolasticat au service des Missions d’Océanie.

J’ai demandé à partir comme volontaire de l’aide technique (VAT) aux Nouvelles-Hébrides (aujourd’hui Vanuatu) avec un autre confrère.

Ce fut la découverte du monde océanien et là est né le désir de venir servir l’Eglise dans cette partie du monde. A l’époque (1966) la première évangélisation était déjà faite et à la suite du Concile de Vatican II, ces territoires de Missions devenaient des diocèses, c’est-à-dire, des Communautés ecclésiales qui se prenaient en main. Dans la ligne de Vatican II, accompagner ces jeunes Eglises dans leur développement, tout en respectant la culture des populations, m’enthousiasmait et c’est ainsi que j’ai demandé à revenir en Océanie à la fin de mes études.

J’ai donc été envoyé en Nouvelle-Calédonie en 1973 où j’ai servi en brousse pendant 21 ans puis en aumônerie des étudiants et lycéens à Nouméa.

De 2003 à 2005 j’ai été nommé vicaire provincial de la Province Mariste d’Océanie et j’étais basé à Suva (Iles Fidji). C’est là que j’ai été appelé à servir le diocèse de Wallis et Futuna comme évêque à partir de juin 2005.

 

3) Que recouvrait et recouvre pour vous le mot "mission".

Etre missionnaire peut avoir deux significations : D’abord, celle d’un commencement d’évangélisation dans un milieu ou un territoire donné. Mais être missionnaire est aussi le devoir de tout chrétien qui a découvert le Christ et qui désire le faire connaître toujours un peu plus dans le milieu où il est. C’est pourquoi, je me sens missionnaire partout où je suis.

Pour moi, être chrétien, c’est vivre sa foi dans toutes les dimensions de notre vie personnelle, sociale et coutumière.

 

4) Dans une déclaration récente, vous insistiez sur la nécessité de dégager l'élan spirituel de ses expressions sociales (exemple : la première communion). Comment chacun - religieux ou laïc – peut-il contribuer à restaurer la primauté du spirituel ?

Ici dans notre pays, la religion est présente dans toutes les dimensions de la vie du pays et je crois que c’est bien.

Cependant on peut arriver à quelques dérapages particulièrement quand on privilégie la fierté personnelle au sens profond de ce qu’on est appelé à vivre au nom du Christ. C’est pourquoi cette année, j’ai fait un rappel à l’occasion des premières communions.

De cette fête de l’accueil du Seigneur dans son cœur, au sein de la communauté dans l’Eucharistie, on est passé à une débauche de cadeaux et d’échanges coutumiers qui éclipse le sens même de la communion et ruine les familles. Nous avons connu cela en métropole, dans une moindre mesure à l’occasion des communions solennelles dans les années 60.

 

5) Existe-t-il, à votre avis, des différences fondamentales d'esprit ou d'approche dans la conception de la foi et dans la pratique des chrétiens du Pacifique et de ceux de France ?

L’homme n’est pas partagé en compartiments et quand on se met à séparer la vie personnelle, la vie sociale la vie coutumière, la vie religieuse, on ne sait plus où on en est. Vivre sa foi, s’est essayer de faire l’unité de son être en Jésus Christ. Si les cultures sont différentes, si les traditions sont différentes, c’est le même Jésus-Christ qui vit en nous et qui nous unifie. Nos cultures océaniennes ont des richesses que notre foi ne doit pas occulter, mais il ne faut pas que nos cultures étouffent notre foi. Cela est vrai chez nous en Océanie, mais cela est aussi sensible en Europe d’une autre manière.

 

Encore une fois, je remercie votre paroisse d’avoir accueilli mes deux jeunes confrères et de leur avoir permis de participer à une communauté paroissiale vivante. Cette expérience les marquera tout au long de leur ministère. Ils se joignent à moi pour vous assurer de leur prière.

 

+ Ghislain de Rasilly

 

LA SOCIÉTÉ DE MARIE

La Société de Marie, dont les membres sont connus comme pères, frères et sœurs maristes, est une congrégation cléricale à vœux simples, de droit pontifical, fondée en 1822 par le vénérable Jean-Claude-Marie Colin et officiellement approuvée par Grégoire XVI en 1836.
D'après son fondateur, l'objectif de la congrégation, formée de prêtres et de frères auxiliaires, est d'« accroître la gloire de Dieu, et l'honneur de sa Très Sainte Mère », et aussi, d’évangéliser, par des formes multiples d’apostolat : retraites, éducation des enfants en créant des collèges secondaires, missions outremer, notamment en Océanie (où en 1854 ils étaient déjà au nombre de 117), paroisses pauvres...
En 1824, il a fondé la congrégation de sœurs maristes, éducatrices, missionnaires, hospitalières ainsi qu'un tiers ordre en 1850. (Source Wikipedia).

 

O.G.