La Chandeleur — Paroisse de l'Immaculée Conception

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La Chandeleur

Présentation de Jésus au Temple Barthélemy Parrocel (1595-1660) Musée du Pays brignolais.

Jour de la présentation du Seigneur, ce mardi 2 février est aussi celui de la Chandeleur, l'occasion d'en savoir plus sur cette fête.

La consommation des crêpes est intimement liée à la chandeleur, fête chrétienne instituée par l’Église aux premiers siècles de notre ère en remplacement des rites païens initiés par les Romains et par les Celtes.
En ce qui concerne la mythologie romaine, les hypothèses des historiens divergent. Pour certains, l’origine de la Chandeleur remonterait aux Lupercales, journées de libations dédiées, courant février, en l’honneur de Lupercus, dieu de la fécondité. Pour d’autres, le rite serait associé aux Parentalia, fête annuelle des morts au cours de laquelle le dieu Pluton, maître des Enfers, était plus précisément honoré. Durant cette période, cierges et bougies étaient allumés en mémoire des défunts. Certains pensent enfin que la fête de la Chandeleur ne serait pas sans apport avec les rites associés à la gloire du dieu Pan, symbole de la fécondité, puisque ses adorateurs parcouraient chaque année la ville de Rome une nuit durant en portant des torches et des flambeaux.

Chez les anciens Celtes se trouve un rite similaire qui se pratiquait aux alentours de la même période (début février). Contrebalançant la fête d’Halloween, représentative des peurs et angoisses associées à la nuit, au froid et à la mort, et prétexte à l’évocation de monstres terrifiants, la fête d’Imbolc avait lieu le 1er février, date symbolique marquant la fin prochaine de la mauvaise saison et, partant, le retour à la vie et à la lumière. Elle se singularisait par un rite de purification de l’eau au moment de la fonte des glaces, marquant ainsi l’espoir de la fécondité future de la terre.

L’importance du rite de l’eau et plus encore celui de la lumière – candela, qui signifie chandelle en latin, donnera chandeleur en français – comme symboles de vie constitue le trait d’union entre les rites profanes des mythologies romaine et celtes, et sacrés du judaïsme puis de la chrétienté.

 

 

Reprenant ces fêtes à son compte, tout en les adaptant aux enseignements de l’Ancien et du Nouveau Testament, le monde judéo-chrétien va faire coïncider le 2 février – date officielle de ce qui deviendra la chandeleur – avec la fête de la Purification de la Vierge (fête encore dénommée Hypatante) et la présentation du Christ au Temple. De fait, les rites hébraïques imposaient aux mères de présenter leur enfant au Seigneur quarante jours après la naissance. En tant que Juive, Marie se soumit donc logiquement à la coutume. Lors de son déplacement au Temple, Saint-Siméon lui dévoila l’origine divine de son Fils qui apparaît, dès cet instant, comme la lumière salvatrice du monde.

 

 

 

La Purification de la Vierge Gabriel Blanchard (1630-1704) Musée des Augustins

 

 

Quelques centaines d’années plus tard, le pape Gélase 1er (Ve siècle) institue officiellement la fête de la Chandeleur, en lieu et place des Lupercales, à la date du 2 février, faisant ainsi mémoire de la purification de la Vierge et de la présentation de son Fils au Temple. Le glissement du rite païen au rite chrétien était consommé. Mais si le contenu religieux de la fête a changé, ses manifestations, elles, demeurent identiques, les croyants organisant des processions nocturnes durant lesquelles chacun portait une torche ou un flambeau.

  
 

 

Des chandelles aux crêpes

 

 

Symboles de vie autant que points de repère dans les longues nuits obscures de l’hiver, les chandelles (et à vrai dire tout ce qui crée de la lumière) sont intimement associées à l’espoir du retour rapide des beaux jours. Substituées aux antiques torches par les pères de la chrétienté, elles renvoient alors explicitement et implicitement à la lumière divine qui donne sens au monde et nourrit toutes les promesses possibles de l’existence. Rien d’étonnant, donc, à ce que ces cierges bénis – dont le halo n’est pas sans rapport avec l’auréole des saints – aient donné naissance à toute une série de rites, croyances et superstitions d’inspiration plus prosaïques dont les dictons reflètent la nature. On est ainsi progressivement passé de préoccupations purement religieuses à des attentes plus immédiatement quotidiennes. Si la lumière – au sens religieux du terme – est symbole de foi, de pureté et de vérité, elle est aussi – au sens laïc – guide dans la nuit et espoir rassurant de récoltes abondantes : « Rosée à la Chandeleur, Hiver à sa dernière heure », « À la Chandeleur, l’Hiver s’apaise ou reprend rigueur », « Hypatante enneigé, greniers bien chargés », « À la Chandeleur, le jour croît de deux heures ». À cela il convient d’ajouter les dictons nés de l’observation météorologique, qui permettent de prévoir globalement l’avenir : « Chandeleur couverte, quarante jours de perte », « À la Chandeleur, quand le soleil fait lanterne, quarante jour après il hiverne » et « À la Chandeleur s'il a fait beau, le vin sera comme de l'eau ». Quant à la crêpe, aliment roi de cette période, elle fait l’objet d’undicton spécifique – « Si point ne veut de blé charbonneux, mange des crêpes à la Chandeleur » – dont la teneur superstitieuse n’échappe à personne.

L’origine des galettes

L’histoire de l’alimentation nous apprend que soupes et bouillies constituèrent les premiers « plats » confectionnés par les hommes à partir des différents végétaux et graines récoltés au hasard de leur migrations. La naissance de l’agriculture – au sens le plus rudimentaire du terme – se traduisit par une sélection végétale privilégiant les légumineuses puis les céréales. On suppose que l’apparition des premières galettes fut le fruit du hasard : six ou sept mille ans avant notre ère, un peu de bouillie épaisse tomba sans doute sur une pierre surchauffée où elle cuisit aussitôt. La cuisinière maladroite goûta et, sans doute, apprécia ! Rien d’étonnant, donc, à ce que l’on retrouve les galettes – de blé, de maïs, de riz, etc. – au menu de toutes les peuples anciens.

Un symbole notoire

Reprenant à son compte cette vaste palette symbolique, la crêpe – de par sa forme et sa couleur – n’est pas sans évoquer le disque solaire et, partant, la lumière créatrice, promesse de vie, d’abondance et de confort. En d’autres terme, elles est métaphore de fécondité et de prospérité dans l’apaisement des inquiétudes, la satisfaction des appétits et la foi en l’avenir.

Purs produits de la terre, puisque fabriquées à partir de sarrasin (blé noir) ou de froment – deux céréales constituant la base de l’alimentation humaine depuis des millénaires – ces galettes renvoient également à l’élevage, puisque beurre et lait entrent pour une bonne part dans leur composition. Renvoyant ainsi également à l’agriculture et à l’élevage, elles s’imposent donc tout naturellement comme le double symbole de la fécondité (fertilité et productivité de la terres et des bêtes) et de la prospérité (aisance et confort) ; en d’autres termes, comme la métaphore de la Vie sans cesse renouvelée.

Qu’elle soient confectionnées à la fin de l’hiver n’est pas, non plus, innocent, ce geste culinaire n’étant rendu possible qu’en raison d’une récolte antérieure abondante (sinon les greniers seraient vides), et qu’en vertu d’une confiance absolue en l’attente de nouvelles moissons prolixes (sinon l’économie serait de rigueur).

Rien d’étonnant donc à ce que les crêpes – soleils allégoriques de l’hiver – aient été spontanément associées à l’argent par un glissement métaphorique naturel. Rondes comme des pièces d’or, et d’une belle tonalité vermeille quand elles sont cuites à point, elles symbolisent ainsi la richesse… cette richesse que procure le blé et les produits laitiers dont elles sont faites, véritables monnaies d’échange dans une économie essentiellement fondée sur l’agriculture. On comprend mieux, dès lors, pourquoi la tradition préconise de faire sauter la première crêpe de la Chandeleur en tenant une pièce – en or si possible – dans l’autre main. Ce geste reprend à sa manière les rites ancestraux ayant pour objet de s’assurer des récoltes prolixes et… enrichissantes.

Dans ces conditions, les crêpes apparaissent enfin comme de véritables gris-gris protecteurs, comme en témoigne éloquemment le rite superstitieux – délaissé aujourd’hui – selon lequel la première crêpe de la Chandeleur devait être jetée sur le haut d’un placard ou d’une armoire où elle devait séjourner jusqu’à l’année suivante. Bien cuite, elle ne risquait pas de moisir, mais finissait sa « vie » totalement desséchée (à condition d’avoir été épargnée par les souris malicieuses !). Ce geste avait, paraît-il pour vertu de préserver le foyer du malheur et de garantir l’abondance des moissons à venir.

Crêpes et galettes

Le terme générique de « crêpe » recouvre indistinctement les crêpes proprement dite – confectionnées à partir de froment – et les galettes dites de blé noir – confectionnées à partir de sarrasin (céréale ainsi dénommée en référence à sa région d’origine – le Moyen-Orient – d’où les Croisés la rapportèrent après avoir combattu les … Sarrasins).

Les plus anciennes recettes remontent au XIIIe siècle (soit une centaine d’années après le retour des croisades), suite à l’expansion de la culture du blé noir sur les landes de Bretagne.

Les recettes de crêpes proprement dites sont beaucoup plus récentes, contemporaines du développement et de la démocratisation du pain blanc, denrée particulièrement rare et donc très onéreuse jusqu’à la fin du XIXe siècle. À preuve la notation de Baudelaire qui, dans Le Spleen de Paris, décrivait des enfants bataillant pour goûter aux miettes d’une miche de pain blanc qu’ils considéraient… comme de la brioche.

Quoi qu’il en soit de ces différences, le terme de « crêpe » s’est définitivement imposé, au point que les restaurants spécialisés portent l’appellation de « crêperie » et non de « galetterie ».

 

MARDI GRAS
Dans l’agenda chrétien, Mardi gras précède l’entrée dans le Carême, période de quarante jours de privations et de recueillement au terme desquels sera célébrée la résurrection du Christ lors de la grande fête de Pâques.
Pour affronter ces quarante jours de pénitence – qui, dans les préceptes les plus rigoureux, se traduisent notamment par une alimentation maigre, c’est-à-dire sans viande, sans œufs et autre substances riches et goûteuses – le croyant a toute latitude de “faire bombance” au gré de festivités plus ou moins débridées ayant donné naissance à la tradition du carnaval.
Cette période de jeûne s’avérant particulièrement longue pour les ventres et pour les âmes, la mi-Carême fut naturellement instituée comme une pause joyeusement épicurienne dans le parcours sacrificiel. Comme au jour du Mardi Gras, fête et bonne chère étaient de mise avec danse, musique et déguisement. La tradition des défilés de chars fleuris ce jour remonte d’ailleurs au Moyen-Âge.
Dans ce contexte, les crêpes étaient naturellement considérées comme des aliments de fête, des aliments “gras” en raison des ingrédients utilisés pour la confection de la pâte (œufs, beurre, huile) et de ses garnitures (viande, charcuterie, fromages).